Saudade

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Saudade

 

Saudade, c’est la mélancolie. Cette mélancolie qui s’empare de chacun de nous par moment, ce sentiment irrationnel, ce mélange doux-amer de souvenirs tristes et gais. Un vague à l’âme, sans raison, qui s’accompagne d’une insatisfaction, de désirs sans objet, parfois pesants, toujours prenants.
Saudade, c’est aussi un voyage à travers nos émotions, une ballade en forme de rêverie, sans autre but que celui de faire fonctionner nos cinq sens. Ce spleen qui nous rappelle que nous sommes vivants car nous sommes capables d’aimer et de haïr.
Saudade, c’est cette rêverie qui nous embarque à la nuit tombée. La nuit comme un écrin où la lumière électrique illumine des tranches de vie, d’ici ou d’ailleurs. Ces tranches de vie qui font la Vie, ces contrastes qui font le monde, ces paradoxes qui nourrissent l’humanité.

 

Saudade, c’est une jeune fille, seule sur son balcon, d’où le temps semble avoir suspendu son vol pendant que le monde, en contrebas, continue d’aller à son rythme. Dans le brouahaha de la ville, elle fait le silence en elle. Elle prend le recul nécessaire à la contemplation d’un monde qui n’est pas tout à fait le sien, pas tout à fait un autre. Elle rêve.
Saudade, c’est au détour d’une rue arlésienne, une silhouette qui profite de la quiétude nocturne. Cette silhouette, c’est la mienne. Entre ombre et lumière, je regrette que le coq, tout proche, mettra fin bientôt par son chant à cet état d’apesanteur. La fin d’une rêverie que je voudrais ne pas voir s’arrêter si vite, comme pour prolonger ce bien-être. Alors, je rêve.
Saudade, c’est un footbaleur brésilien, seul sur le terrain, comme figé après la fin du match. Il est seul et pourtant, ils sont encore tous avec lui. À cette heure où les uns dorment et les autres travaillent ou font la fête, il est seul. Paradoxe d’une vie où certains bougent pendant que d’autres restent immobiles. Et pourtant la vie continue. Il rêve.
Saudade, c’est aussi l’aurore, ton regard vers l’infini dans une vitre à travers laquelle tu te souviens des moments qui ont défilé pendant ton rêve. Cet instant où la pénombre de la nuit fait place à la clarté du jour, où la vie reprend ses droits sur le rêve, où les contrastes et les paradoxes ne font plus qu’un dans un monde bien réel. Et toi, tu rêves encore.

 

Saudade, c’est enfin le moment où la rêverie s’estompe, où chacun de nous reprend sa vie ; des vies comme les pièces d’un puzzle toujours changeant, cette humanité dont nous sommes le zéro et l’infini, le tout et l’un. Cette humanité faite des paradoxes de notre vie, de ces vies que nous ne comprenons pas vraiment. Jusqu’à ce que nous rêvions à nouveau.


Saudade.

 

Olivier Gombert